Les Médisantes

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Aujourd’hui la Râleuse aborde un sujet de fond, contemporain, omniprésent… Le travail. Par La Râleuse.

Travailler. N’est-ce pas l’invention du 21e siècle la plus dénuée de bon sens ? Si on y réfléchie correctement et profondément – et Dieu sait que j’ai le temps ! Car au travail, je m’ennuie sévère, et ce tous les jours que ce vieux bonhomme fait… : A quoi bon travailler ?

En théorie, nous nous devons de nous lever tous les matins – jours ouvrés uniquement, quoi que…j’ai des copines architectes qui sont obligées de bosser le dimanche ! – car nous vivons dans un système capitaliste qui nous impose de travailler pendant plus de 50 ans pour nous garantir – éventuellement – une retraite convenable. Ajoutons aussi le fait que nous devons travailler pour gagner notre vie, vivre, « profiter » de nos moments de libres – les week-ends et les quelques semaines de congés payés qu’il nous reste, une fois qu’on y a soustrait nos jours de maladie, la rentrée des classes des gosses (je dis ça mais je ne me sens pas encore concernée mais ça viendra), les week-ends prolongés et les jours de grève de la RATP…

Hormis ces quelques mécanismes socio-économiques ci-dessus, travailler est finalement une vaste mascarade. Nous sommes complètement formatés par la société. C’est vrai quand j’y pense, lorsque j’étais étudiante, je m’imaginais quitter ma province pour venir à la CAPITALE, travailler dans le WEB – car le web, ça me paraissait cool, créatif, tendance… -, prendre le METRO, profiter de tous les lieux « hype » de PARIS, avoir mon propre bureau dans une TOUR à la DEFENSE, et avoir des RESPONSABILITES parce que mes cinq années d’études m’auraient permis de devenir MANAGER… Le rêve, l’avenir, une vie professionnelle toute tracée et pleine d’espoirs, de perspectives, d’émulation intellectuelle et créative.

Six ans plus tard, me voilà MANAGER dans une START UP du WEB à PARIS, à bosser en OPEN-SPACE (avec pas mal de cons). A créer des messages, des accroches et des contenus aussi chiatiques les uns que les autres. Certes, j’ai un « titre » qui peut faire rêver « Content Manager » comme dirait mon boss mi-french, mi-american. Je suis en CDI – et avec la crise financière que nous traversons actuellement je suis plutôt bien lotie et pas trop mal payée non plus -, mais je m’emmerde toute la sainte journée… Mon travail n’est pas intéressant, mon équipe de pigistes me courent sur le haricot, mes collaborateurs sont de gros porcs, la vie en open-space – avec nos casques vissés sur les oreilles, et avec messenger comme unique outil de communication avec son voisin de bureau – m’exaspère. Je suis rentrée dans le monde du travail pleine de belles intentions, d’idées, de projets, d’audace… Et me voilà un an et demi plus tard complètement démotivée, à compter les jours pour arriver au week-end, à ne plus avoir envie de me lever le matin et donc à arriver en retard, à penser sérieusement à me mettre en arrêt maladie, à passer ma journée à discuter sur Facebook car à partir de midi, j’ai terminé tout ce que j’avais à faire… Le travail, une vaste blague je vous dis ! Ca me ramollit le cerveau plus qu’autre chose, je suis fatiguée de ne rien faire, malade chronique – je commence à sérieusement me dire que c’est un effet psychosomatique que le travail engendre, ou alors c’est à cause du métro. Et pourtant, je ne suis pas rendue comme on dit. Il me reste encore des décennies de labeur à accomplir pour être enfin à la retraite…

La retraite, ça aussi c’est déprimant ! Ce n’est pas quand on sera vieux qu’on profitera d’aller faire la fête sur des plages paradisiaques ou faire le tour du monde. C’est maintenant qu’il faudrait qu’on fasse tout cela, sauf qu’on ne peut pas car il y a les impôts, le loyer exorbitant de notre petit studio parisien, le manque de jours de vacances car on est aux 39h pour « gagner plus » comme dirait l’autre, sauf qu’on utilise ses jours de congés pour combler les jours où on est malade – car sinon on n’est pas payé, donc on gagne moins et on ne peut pas payer son loyer…

J’ai bien réfléchi à quelques solutions pour érayer le problème : femme de riche ou gagner à euromillions. Comme ça, je n’aurais plus à me soucier de l’argent – car finalement c’est ça LE problème. Changer de travail ? Non car je ne serais pas aussi bien payée ailleurs. L’argent, toujours l’argent… Je rêve d’une vie sans soucis financier, où je pourrais revenir à mon premier amour – top secret, je vous vois venir – sans me préoccuper du lendemain car ma Gold marcherait… C’est dur ! Oui… Je sais… Je suis une vraie connasse, car il y a des gens qui n’ont rien, alors que j’ai eu la chance de pouvoir faire des études, d’avoir une vie pas trop dégueulasse à Paris, d’avoir des amis, de sortir, d’aller au restau tous les jours… Mais à quoi bon si c’est pour s’emmerder ferme toute la journée ? Je déteste l’ennui. J’ai l’impression de devenir folle, et accessoirement de plus en plus bête car mon cerveau n’est plus stimulé… C’est grave docteur ?

Et vous, vous pensez quoi de votre travail ? De la vie en général, du système capitaliste, de la crise financière actuelle ? Est-ce que vous aussi, vous avez parfois envie de tout plaquer pour devenir barmaid sur une plage de sable fin, où le soleil et la fête ne s’arrêtent jamais ? Ou c’est moi qui déraille complètement à seulement 24 ans ?

La Râleuse, en pleine reconversion professionnelle.

PS : Accessoirement, j’ai écrit ce post au bureau…


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